Modélisation des lieux littéraires

  • Dernière modification de la publication :6 juillet 2023
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Responsable : Éric Leroy du Cardonnoy, études germaniques

Les allers et retours entre l’univers de l’imaginaire et l’univers du réel sont un thème ancien de la fiction, que le chemin se fasse dans le sens du réel vers imaginaire ou de l’imaginaire vers le réel. Les lieux ont toujours joué un rôle important dans ce passage, car ils permettent d’ancrer les univers de fiction dans le réel. En retour, les lieux et les paysages créés par les artistes transforment la manière dont les espaces réels sont perçus en leur ajoutant de nouvelles dimensions. A une époque où les images des lieux deviennent un facteur majeur de leur développement, cette connexion entre espaces imaginaires et espaces réels a pris une dimension démesurée nécessaire pour appréhender les pratiques spatiales des lieux. Selon M. Augé (L’Impossible voyage, 1997), « dans l’espace urbain et l’espace social en général, la distinction entre réel et fiction devient floue ». Mais cette thèse de la fictionalisation du réel n’épuise en rien l’ensemble des relations complexes qu’entretiennent lieux réels et imaginaires. Dans la continuité du recueil Cités imaginaires (2013) et Lieu(x) d’écriture et écriture de lieu(x), Topographie du réel et de l’imaginaire (2015), ce programme se propose, grâce au savoir-faire des membres d’ERLIS spécialisés dans le numérique et la restitution virtuelle ainsi que la réalité augmentée, de modéliser certains lieux de fiction, comme la « maison des roses » dans le roman d’Adalbert Stifter, Arrière-saison (1857), afin de visualiser les questions d’occupation de l’espace et de métaphorisation de l’écriture stiftérienne, ou bien des lieux réels, comme Vienne, capitale autrichienne en 1815 au moment du Congrès afin de comprendre les questions de logistique et de circulation dans cette ville qui a doublé de moitié sa population pendant les neuf mois des négociations. Il s’agit par conséquent d’un programme qui utilise les compétences, acquises par l’équipe ERLIS et le CIREVE à travers le Plan de Rome, pour s’interroger sur les implications d’une représentation de l’espace sur le lecteur, le spectateur, ou tout simplement le citoyen de notre monde du XXe siècle, et de revenir sur des catégories que la réalité virtuelle remet en cause, comme par exemple celle de « réalisme », et les revisiter sur le plan théorique également. Dans la continuation d’une thèse soutenue en décembre 2020 (Arthur Maneuvrier Le sentiment de présence en réalité virtuelle : rôles modérateurs des facteurs humains sur la performance, sous la direction de Philippe FLEURY), ce programme devrait permettre aussi à un autre niveau de s’interroger et de tester le sentiment de présence en réalité virtuelle.