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La circulation des mythes à travers le temps et l’espace: Le chasseur sauvage et le mythe des paladins
Atelier de recherche dans le cadre du programme “Figures emblématiques, mythiques et légendaires dans les cultures contemporaines”
30 mars 2023 · 17h00 – 19h00
Le Chasseur sauvage : vitalité d’un mythe
par Karin Ueltschi, Professeur de Langue et Littérature du Moyen Âge, Université de Reims Champagne-Ardenne
La Chasse Sauvage, que les clercs d’expression latine ou française dans nos contrées ont appelée « Mesnie Hellequin » ou « Familia Herlequini » depuis le XIIe siècle, est un cortège fantastique de morts qui prennent tantôt l’aspect de guerriers, tantôt de chasseurs-ravisseurs, volontiers aériens. À partir du premier récit écrit dont nous disposons, une tradition médiévale s’établit qui assimile souvent la Mesnie Hellequin au Purgatoire. Mais on se souviendra aussi de la vision effrayante que constitue le chasseur sauvage escorté de sa troupe lorsque, vers la fin du Moyen Âge, on s’est mis à imaginer la Mort conduisant une farandole : la danse macabre. Les poètes de leur côté n’ont jamais cessé de s’intéresser au motif, en lui faisant subir les métamorphoses qui sont leur privilège : on le retrouve sous le trait du commandeur de Don Juan, du Juif errant et du Roi des Aulnes ; du Hollandais volant aussi ou encore du Freischütz et du Docteur Faust. Quant au nom de Hellequin, il survit sous une forme légèrement altérée à travers le plus illustre de ses descendants, Arlequin. Enfin, une très riche tradition orale reste vivante jusqu’à nos jours, perpétuant l’histoire à travers différentes figures (la Chasse Gallery, Hérode, l’Ankou, le grand Veneur, et d’autres figures populaires inattendues), racontant notre destinée de mortels qui serons un jour happés et emportés dans l’ailleurs. Comme tout véritable mythe, ce motif n’a jamais cessé d’être raconté, n’a jamais cessé de générer des variantes dans le foisonnement des attestations locales, à la fois originales et toujours identiques dans leur noyau et leurs grands enjeux.
Le mythe des paladins de Charlemagne dans la culture italienne. Du Roland furieux au théâtre des Pupi siciliens
par Valéria Allaire, Maître de conférences en études italiennes, ERLIS
Cette conférence présentera la construction et la fortune du mythe des paladins de Charlemagne dans la littérature italienne à travers les époques, s’attardant de manière plus approfondie sur le théâtre populaire sicilien contemporain. En effet, la figure légendaire du héros fort et courageux, qui défend et protège les valeurs de la Chrétienté contre l’Infidèle, inspire énormément les auteurs et les poètes de la péninsule italienne au Moyen Âge et à l’époque moderne ; représentatifs sont les vers de Matteo Maria Boiardo, de Ludovic Arioste, de Torquato Tasse. Après un rapide aperçu de la littérature du passé, nous nous intéresserons à la manière dont ces figures emblématiques sont réutilisées en époque contemporaine : parfois leur image est employée pour transmettre les valeurs positives de courage et d’unité, parfois elle est complètement renversée, pour dénoncer les failles de la société (viennent là à l’esprit les romans d’Italo Calvino). Un regard appuyé sera jeté sur le théâtre des Pupi, tradition populaire née en Sicile au début du XIXe siècle, qui met en scène les gestes du cycle carolingien, s’adaptant et se transformant pour survivre à l’évolution des médias, tout en tentant de préserver, encore aujourd’hui, le caractère mythique de la figure des paladins de France.